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Le projet d’un nouveau barrage sur le Rhône est abandonné à cause de la construction d’EPR2

Le projet d’un nouveau barrage sur le cours du Rhône est abandonné, a annoncé la Compagnie nationale du Rhône (CNR), dans un communiqué diffusé vendredi 30 août. Le projet, baptisé « Rhônergia », devait se situer entre les départements de l’Ain et de l’Isère, à une quarantaine de kilomètres en amont de Lyon. Il s’agissait de construire, d’ici à 2033, une retenue de 22 kilomètres de long, entre les communes de Loyettes (Ain) et de Saint-Romain-de-Jalionas (Isère). Le barrage aurait créé une chute d’eau de 6,8 mètres de haut, afin de produire une puissance de 140 gigawattheures (GWh) par an, ce qui correspond à la consommation électrique annuelle de 60 000 habitants.
La décision a été prise par l’Etat. Selon la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), le barrage aurait provoqué une interaction incompatible avec le fonctionnement des réacteurs de nouvelle génération, prévus dans l’actuelle centrale nucléaire du Bugey, dans l’Ain.
Construite en 1974, la centrale est située à quelques kilomètres en amont du projet de barrage, et son système de refroidissement est lié au niveau du fleuve. Les études préalables ont soulevé « des risques techniques sur le projet EPR2 du Bugey, qui auraient pu conduire à une augmentation des coûts et un retard de calendrier pour ce projet, et des enjeux potentiels sur la sûreté de l’exploitation de la centrale nucléaire de production électrique existante », a indiqué la DGEC, dans une déclaration écrite transmise à l’AFP.
Outre cette « principale raison » d’ordre technique, les services de l’Etat soulignent l’opposition qui s’est exprimée contre « Rhônergia ». « Le bilan des garants sur la concertation préalable met en exergue des objections au projet de barrage, notamment liées aux aspects environnementaux », écrit la DGEC.
Porté par la CNR à la demande de l’Etat, le projet « Rhônergia », d’un budget prévisionnel de 330 millions d’euros, était le dernier barrage hydroélectrique envisageable en France, dans l’ultime secteur sauvage du Rhône. Selon ses promoteurs, il pouvait contribuer à l’indépendance énergétique du pays, en utilisant un mode de production décarboné. La CNR gère dix-neuf barrages hydroélectriques le long du plus puissant fleuve de France. Ses arguments stratégiques n’ont pas du tout convaincu localement. Une forte opposition au projet s’est fait jour, dénonçant un impact environnemental négatif bien supérieur aux supposés bénéfices énergétiques.
La concertation préalable, menée par la commission nationale du débat public, a recueilli plus de 90 % d’avis négatifs parmi les 1 300 personnes consultées, riverains, élus et acteurs économiques du secteur concerné. Un collectif citoyen a comptabilisé plus de 8 500 signatures sur sa pétition opposée au projet, en alertant sur les conséquences en matière de biodiversité avec un écosystème qui abrite des centaines d’espèces protégées. Plusieurs slogans hostiles au projet sont apparus sur des panneaux et des ronds-points, signés des Soulèvements de la Terre, ce qui a fait craindre aux autorités une amplification de la contestation. Le projet « Rhônergia » est devenu, au fil des mois, un sujet sensible dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, concentrant les critiques des défenseurs de l’environnement.
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